Il y a quelques jours, j’ai été invité par le Cercle LAB (Laboratoire Assurance Banque) à un déjeuner débat très intéressant sur l’avenir des services financiers.
L’invité de marque était Benoit Legrand, très récemment nommé Head FinTech pour le Groupe ING au niveau mondial et Président d’ING Bank France.
Déjeuner @CercleLAB : .@_benoitlegrand nouveau head of #Fintech d’ING en pleine dédicace de son livre pic.twitter.com/fAb7WXM0Zp
— Antoine Wintrebert (@awintrebert) 8 Octobre 2015
Auteur du livre « Changer la Banque », Benoit Legrand nous a fait part de ses convictions sur l’avenir du secteur bancaire, sur la transformation digitale oblige les banques à accélérer le rythme du changement et sur le rôle des Fintech dans cette transition.
Le constat de la situation des banques est sans appel : le poids des réseaux d’agences est insupportable à long terme. Dans les banques de réseau, les coûts sont constitués à 60% par des frais de personnel plus 10% de frais d’immobilier alors que les agences n’ont plus les faveurs des clients. La proportion de ceux qui visitent leur agence est passée de 62 à 17% en quelques années. Et quand ils s’y rendent, c’est dans 86% des cas pour des « servitudes » et non pour du conseil qui ne représente que 16% des raisons des visites à leur conseiller.
A côté, des Fintech et des banques en ligne parviennent à délivrer un service identique pour 5 fois moins cher !
Comment donc font les banques traditionnelles pour conserver une telle part de marché ?
Elles profitent de la phobie administrative des français ! Les concurrents des banques en ligne sont les français eux-mêmes et leur inertie au changement.
Pour l’avenir, Benoit Legrand est convaincu que les français fragmenteront leur relation avec plusieurs partenaires financiers en fonction de la performance de chacun d’eux : sur le paiement, sur l’épargne, sur le crédit. Il y aura besoin d’une couche d’agrégation pour avoir une vue unique de sa situation. Sur la façon dont le passage entre les deux monde va se passer, il n’a aucune certitude : le temps ou l’on pouvait faire des plans à 5 ans est révolu ! Plutôt que de créer des directions digitales, il suggère de « greffer » le digital dans l’esprit de chaque collaborateur et de pratiquer le mode agile à tous les niveaux.
Sur son rôle de Head of Fintech, Benoit Legrand vise en premier lieu à fluidifier les échanges entre toutes les entités du groupe qui innovent déjà beaucoup. Le partage des initiatives entre filiales doit permettre d’accélérer la transformation digitale du groupe. Un budget de 100 M d’euros pour investir dans les start-ups est prévu. Les investissements seront peu nombreux et guidés par une vision de « bon père de famille » à horizon 10/15 ans. L’humilité est de mise dans le domaine : ING a détenu 11% de Paypal il y a quelques années et a revenu sa participation au plus mauvais moment avant que les cours n’explosent (le manque à gagner n’a été que de 4 Milliards !).
Le mois prochain ING Direct organise un spectacle à l’Olympia pour fêter le millionième client!